Trouvez le vin d'Anjou parfait
Avant toute chose, il est essentiel de saisir ce qui caractérise les vins d'Anjou. Cette région située dans la vallée de la Loire produit une grande variété de vins : rouges, blancs, rosés et effervescents...
La Loire en bouche, le temps en bouteille
Chaque année, je le retrouve comme on retrouve un visage familier dans une lumière nouvelle : le cabernet franc. Cépage roi du Saumurois et de l’Anjou, il m’accompagne depuis mes débuts, à la fois solide et insaisissable. Il peut être tranchant comme l’ombre d’un silex ou souple comme un fruit d’été. Il sait tout faire, mais ne fait rien sans lien profond au sol et au climat.
J’aime l’évoquer par saisons. En avril, il est nervuré, prometteur, presque nerveux. En juillet, il porte des arômes de ronces, comme une forêt encore fermée. En automne, lorsqu’il est vendangé à la bonne heure — ni trop tôt, ni trop tard — il devient conversation. On peut alors parler d’équilibre, de grain, de verticalité ou d’allonge. Mais on pourrait aussi dire : il s’ouvre.
Dans ma cave à vin, il y a toujours une place pour un cabernet franc fait sans bois, levure ni artifice. J’y reviens parce qu’il ne cherche pas à impressionner. Il reste fidèle à l’idée d’un vin nourricier, d’un vin du quotidien, mais capable de grâce.
On parle souvent du "terroir" comme d’un mot magique, mais il vaut mieux parfois le taire pour mieux l’entendre. Dans le Maine-et-Loire, il est feuilleté. Des veines calcaires croisent des bandes de schiste, des couches sableuses se glissent entre des bancs tuffeau. Chaque parcelle devient une phrase unique, qu’un vigneron attentif peut apprendre à lire.
Certains lieux donnent des vins minces, tendus, presque salins. D’autres nourrissent des blancs ronds, soyeux, avec un cœur de pierre sous le fruit. Ce ne sont pas des "styles" à proprement parler, mais plutôt des inflexions. Et ce sont ces inflexions-là que j’essaie de capter dans les articles de ce blog.
Quand je visite un domaine, je commence souvent par le sol. Je marche, je regarde les cailloux, les pentes, les haies. Je m’arrête, j’écoute. C’est une manière de comprendre le vin avant même de le goûter. Ce qu’il raconte, c’est la patience des lieux. Ce qu’il exprime, c’est la manière dont on l’a laissé naître.
On peut boire pour mille raisons. Mais lorsqu’on choisit un vin d’ici — un chenin tendu, un gamay vivant, un grolleau nu — on choisit plus qu’un arôme ou un millésime. On choisit une posture. Celle d’un lien à la terre, d’une attention au geste, d’un refus du format.
Les vigneronnes et vignerons que je défends sur ces pages font le pari du vivant. Ils ne sont pas parfaits, ils tâtonnent, ils inventent parfois leur chemin. Mais ils savent que faire du vin, c’est faire une promesse. Celle de ne pas imposer. Celle d’accompagner. Celle de laisser faire, en intervenant juste ce qu’il faut pour ne pas abîmer.
Alors quand j’ouvre une bouteille chez moi, ce n’est pas un produit que je débouche. C’est une conversation qui commence. Et c’est cela que j’essaie de transmettre ici : la sensation qu’un vin n’est pas qu’une boisson, mais un espace où peuvent cohabiter le travail, la nature, la mémoire et un peu de lumière.
Il m’arrive de penser à ma cave à vin comme à une étagère. Non pas pour ranger, mais pour lire. Chaque bouteille y attend son moment, comme un livre dans une langue étrangère qu’on finirait par comprendre. Il faut parfois du temps. Il faut parfois oublier pour mieux revenir.
Dans cette cave, il n’y a pas de verticalité du prestige. On y trouve côte à côte des cuvées accessibles et des raretés patientes. Ce qui compte, c’est le lien. L’histoire que j’y associe, la main qui l’a produite, la parcelle d’où elle vient. Et surtout : le moment où elle parlera.
Ce blog n’a pas pour vocation de conseiller ce qu’il faut acheter. Il propose autre chose : un regard. Une manière de relier la matière au sens, le liquide au lieu. Il est un prolongement de cette cave, mais en mots. Une cave à lire, en quelque sorte.
J’espère que vous y trouverez de quoi ouvrir, laisser reposer, et parfois, être un peu remué.
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